La musique au cœur

Montreuillois depuis vingt ans, Karim, dont le nom de scène est Karimba , a fait le bonheur musical de "générations" de jeunes. En attendant la sortie de Tolérance, son deuxième album, l’animateur le plus célèbre de la ville enregistre des succès internationaux.
Et continue de jouer bénévolement pour les enfants malades.

Karim en arabe signifie généreux. Un prénom que n’a pas usurpé le plus célèbre des animateurs montreuillois, celui sur lequel les enfants de la ville se retournent, dans la rue, en s’exclamant : « papa, maman, regardez, c’est Karimba ! »
La vie de Karim commence comme dans un film néoréaliste des années soixante. Dernier d’une fratrie de sept enfants, il voit le jour à Pantin. Il suit les siens à saint-Denis, Stains, n’apprend pas la musique mais commence à bosser à seize ans.
« c’est au centre de loisirs que j’ai appris à jouer, chanter, composer, raconte-t-il. Aujourd’hui encore, que je chante devant trois ou mille enfants, je ressens toujours la même émotion. »
Il intègre le service enfance de la ville de Montreuil comme animateur en 1986. De 1989 à 1993, il part en tournée internationale comme « backliner » avec la groupe Kaoma qui a fait swinguer le monde entier aux accents de la lambada. Un jour, il se retrouve dans un orphelinat de Soweto avec Johnny Clegg.
« Ca m’a retourné, se souvient-il. Là, j’ai eu un gros déclic, et je me suis dit : je vais chanter. Chanter pour les enfants. »
Il rentre en France, accorde sa guitare aux accents de sa volonté. Garde les yeux rivés sur la ligne bleue de son rêve qui devient réalité en 1996 quand il organise un premier concert à La Noue avec Enfants réfugiés du monde : « c’était génial. Je n’avais pas de groupe, pas de chanson, juste mes capacités d’animateur. J’ai composé trois chansons que j’avais dans la tête depuis longtemps en une semaine et, à l’arrivée, on était tous contents. »
Il multiplie les concerts bénévoles, essentiellement dans les écoles, les manifestations culturelles ou de solidarité, part en tournée dans les colonies de vacances, comités des fêtes ou d’entreprises. Il acquiert ses titres de noblesse dans tout le 93 puis le 95. en 2000, son premier CD Mamayé sort, dont il vend tout seul les deux mille exemplaires qu’il transporte dans son sac.
C’est là que le succès l’attend. Il est invité sur RTL, Radio Beur, Radio-Toulouse, part à New York, à l’auditorium du Tinker à Manhattan, et apprend qu’on écoute Karimba dans les couloirs de l’ONU.
Son agenda est de plus en plus serré : animateur au centre de loisirs maternel Berthelot, il poursuit ses tournées bénévoles à l’hôpital pour enfants Trousseau, à l’association Solidarité-Enfance-Sida, prépare un voyage en Palestine en février pour jouer pour les enfants de camps de réfugiés. La vacuité de sa bourse est hélas aussi colossale que sa patience : sa bonne fortune pour son prochain album, tolérance, dépendra d’un partenaire financier qui reste encore à trouver.

Joëlle Cuvilliez
Pour Montreuil Dépêche, n°295 du 17 au 23 décembre 2003